lundi 7 janvier 2013

Drôle d'ambiance dans la com (suite)

Alors qu'il va falloir bientôt communiquer sur des moments pas très roses, l'ambiance de travail dans la communication de défense, en charge de porter les "messages", atteint des sommets de tension. Tout ne peut pas être ramené à la nominations liées au changement d'équipe, même si cela semble, de fait, avoir rajouté à des problèmes non réglés depuis des années (1). A la DICOD, où il est parfois difficile de comprendre qui fait quoi, on évoque un surcroît d'encadrement mais aussi des affaires récurrentes de harcèlement au travail, y compris sur un stagiaire. Ce qui n'est pas rien. Selon mon confrère Jean Guisnel, le ministre doit passer la journée du 11 janvier dans le service, ses oreilles risquent de vriller.
C'est que la nomination dans un service de communication peut être très en décalage avec l'emploi précédent dans une unité militaire. Un bon officier, mal casté, aura des effets destructeurs dans ce type de service. Surtout si la concurrence est rude entre officiers excédentaires.
A l'arrivée du nouveau DICOD, le service dormait de son beau sommeil, il est vrai peu valorisée par le précédent directeur qui se savait condamné par une possibilité d'alternance qui s'est d'ailleurs confirmée dans les faits. Et par une absence totale d'intérêt de son ministre -Morin était pareil- pour les réformes de la com'.
Facteur aggravant, les journalistes n'ont pas le recours d'y appeler, comme l'attestait d'ailleurs les statistiques, cruelles, collectées par le nouveau "D1" à son arrivée : un coup de fil par jour reçu par officier de presse, en moyenne, parfois moins, rarement plus. A la DICOD, on a l'impression que le changement de ministre aura eu pour conséquence de générer un électrochoc, et que le transfert d'un lieutenant-colonel du cabinet (2) vers la même DICOD aura, de fait, contribué à faire travailler la belle endormie. Il est vrai, que fin décembre, les dossiers de presse sont devenus d'un coup plus épais, la perspective d'un audit de la filière ayant, en fait, électrisé pas mal de monde dans cette filière qui mobilise l'équivalent d'un régiment de l'armée de terre et coûte 100 MEUR par an.
De quoi susciter un énième audit dont les délais risquent d'ailleurs de glisser méchamment ? Pas sûr, les maux sont connus : des effectifs mal utilisés, et des coûts parfois étonnants comme l'avait noté la cour des Comptes avec sagesse.
La volonté du nouveau DICOD de dématérialiser les titres de communication pour gagner en effectifs et en frais d'imprimerie bute sur la volonté -légitime- des armées de maintenir cette empreinte visible, qui sert aussi à faire passer les messages en interne (même si, pourtant, certaines de ces revues sont vendues en kiosque). Et de fait, les armées le rendent bien à la tour de contrôle de la com défense : il est par exemple très difficile à la DICOD d'avoir une idée de l'agenda des entraînements des armées à venir dans les six mois, pour l'annoncer aux journalistes au point presse hebdomadaire (3). Une information simple à trouver pourtant, cette prog qui n'a pour le coup rien de secret est détenue dans chaque structure opérationnelle des armées (CFT, CFA, Alfan)...

(1) la volonté de "se faire" la presse spécialisée, abusivement réputée avoir trop d'influence, n'a pour le coup pas contribué à créer des rapports très tenus. Plusieurs représentants de la presse parisienne, pas trop contente de son traitement par la nouvelle équipe, ont même fait remonter sur l'exécutif. Des journalistes qui se plaignent ? Tout simplement du jamais vu.
(2) où il a été remplacé par une civile. Ce départ n'a donc pas généré d'économies de poste dans le cabinet, contrairement à ce qu'on pouvait attendre.
(3) régulièrement plus peuplé de militaires que de journalistes. Un opérationnel venu assister pour la première fois à ce point presse me confiait il y a quelques temps être effaré par la désinvolture avec laquelle les journalistes y posaient leurs questions, avec le sentiment de ne pas y trouver de réponse.