jeudi 31 décembre 2009

Deux journalistes français de France 3 enlevés en Kapisa (actualisé)

Deux journalistes travaillant pour France 3 ont été enlevés hier par les insurgés, en Kapisa. C'est France-Info qui a révélé leur disparition. Leur interprète, avec qui ils circulaient, en véhicule, le chauffeur et un troisième homme, tous trois afghans, ont également été kidnappés sur cette route, à Omarkheyl, entre Tora et Tagab. Un 3e membre de l'équipe, resté à Kaboul, a confirmé l'information (*), même si encore ce soir, le gouvernement français et France Télévision disent seulement être "sans nouvelles" du groupe.
Les deux confrères, deux hommes, tournaient un sujet pour un "Pièces à conviction" qui doit être diffusé fin janvier, vraisemblablement à l'occasion de la conférence de Londres (28 janvier). Cette dernière doit officialiser les renforts de l'OTAN : les confrères opéraient en Afghanistan depuis le 10 décembre, et avaient déjà tourné plusieurs sujets avec l'armée française.
L'enlèvement est devenue une industrie comme une autre, en Afghanistan. Les journalistes, qui voyagent souvent dans des zones à risques, y compris dans la capitale, constituent des cibles privilégiées et faciles à repérer. Jusqu'alors, et malgré des conditions de travail souvent pour le moins précaires, la presse française avait réussi à échapper à cette menace.
En 2001, le grand reporter de Paris-Match Michel Peyrard, déguisé en femme, avait été capturé et retenu en otage par des talibans.

Un simple rappel :
Les journalistes paient régulièrement de leur vie la couverture des conflits, dans le monde entier. Dans la nuit du 11 au 12 novembre 2001, Johanne Sutton (RFI) et Pierre Billaud (RTL) avaient été tués, en Afghanistan. Mon camarade Gérard Grizbec (France 2) avait échappé à une attaque par RPG, il y a quelques mois. Encore hier, c'est une jeune confrère canadienne, Michelle Lang, 34 ans, qui a été tuée, avec les quatre soldats de sa patrouille.

(*) une équipe de télévision comprend en général au moins deux personnes, le rédacteur, qui pose les questions, et produit le commentaire, et un caméraman, qui prend les images, et très souvent, le son. En l'absence du rédacteur, ce spécialiste peut aussi poser des questions, et effectuer le montage du sujet vidéo. Et parfois, en assurer la transmission vers la France, via une valise satellite, ou en utilisant le réseau internet. Parfois, les équipes de télévision comprennent un 3e personnage, qui assurera la prise de son, ou qui sera chargé du montage, permettant ainsi de décharger le caméraman. De plus en plus, les équipes de télévision sont réduites en nombre, du fait du progrès technique, mais aussi, des réductions de budget qui affectent la plupart des médias.

Le communiqué de reporters sans frontières est ici :
http://www.rsf.org/spip.php?page=article&id_article=35543