dimanche 26 avril 2009

Dragon 2B ne répond plus




Un hélicoptère EC145 de la Sécurité civile s’est écrasé cette nuit à Rutali, en Haute Corse. L’appareil transportait une femme enceinte d'une vingtaine d'années qui aurait accouché pendant le vol, selon les premières informations. Cinq personnes se trouvaient à bord, dont l’équipage (pilote et mécanicien) et un médecin féminin du SAMU, âgé de 43 ans. Il avait décollé à 19h15 de Ponte Leccia et avait disparu des écrans radars quinze minutes plus tard.
L’appareil, disloqué en plusieurs morceaux a été retrouvé grâce à un appareil de la base aérienne de Solenzara, vers 3h30 du matin. Le Puma et le Super Puma de la BA126 accomplissent parfois eux-mêmes des Evasan, notamment en haute montagne et pour rapatrier des patients insulaires sur le continent. C’est notamment le cas aussi lorsque les conditions météo (comme hier) sont « particulièrement défavorables ».
Trois accidents en six ans
Le BEAD-Air va être chargé de l’enquête technique, et une enquête judiciaire devrait également être ouverte. Des gendarmes préservaient la zone ce matin, afin de faciliter le travail de recueil de pièces et la compréhension de l'accident.
C’est le troisième crash enregistré sur la flotte française d’EC145 depuis juillet 2003. Trois appareils en six ans, c’est un ratio assez important même si l’attrition se calcule de façon plus scientifique, sur la base d’un nombre d’heures de vol.
Deux EC145 avaient déjà été perdus dans les Pyrénées en l’espace de trois ans. Le 20 juillet 2003, le crash de Dragon 64 avait causé la mort d’un CRS de haute montagne, ainsi que quatre blessés graves et un blessé léger, lors d’une mission de sauvetage dans le massif de l’Arbizon (65). Le 5 juin 2006, Dragon 64 s’écrasait à proximité du cirque de Gavarnie, lors d’une mission d’entraînement, causant la mort de trois de ses occupants et un blessé.
A la suite du premier crash, l’EC145 s’était vu imposer de fortes limitations de masse pour des opérations en atmosphère turbulente, et particulièrement en moyenne et haute montagne. Aujourd’hui encore, les équipages français évitent de « trop charger la mule », et constatent que l’appareil reste « très sensible aux turbulences ».
Un accident avait été évité de peu, le 9 février 2008, quand Dragon 64, l’hélicoptère EC145 de la base de Pau, était parti pour un secours en montagne. Avant de redécoller, à la nuit tombée, le mécanicien (MOB) avait découvert qu’une pièce du rotor anti-couple –la bielette- n’était plus à sa place. La perte de cet instrument, en vol, et particulièrement en montagne, est une quasi-garantie d’accident. Tout un lot de pièces non-conformes, issu d’Eurocopter Deutschland, qui a été découvert. Comble de tout, la bielette n’avait que neuf heures de vol, donc la pièce qu’elle a remplacée était peut-être plus fiable qu’elle.
La flotte hélicoptères de la sécurité civile ne repose plus désormais que sur des EC145 (29 machines, trois autres ont été commandées en 2008). Les deux dernières Alouette III encore opérés ont été retirées il y a quelques semaines à Parie et la dernière le sera à Chamonix dans quelques jours (cf post précédent). L’été, la flotte reçoit l’apport d’Ecureuil servant à la coordination des opérations contre les feux de forêt.
L’EC145 est aussi opéré par la gendarmerie (15 exemplaires) qui n’a connu que des problèmes mineurs avec cette machine. Elle sert notamment à l’entraînement à l’aérocordage du GIGN.
L’US Army a commandé 322 exemplaires de cet appareil sous la désignation Lakota.
Nos photos : l’EC145 affecté à Bastia (vu en juillet 2007) et un Puma de la BA126 lors d’une présentation d’une récupération en mer de blessé. (crédits : JMT)

"Dragon"
: l’indicatif radio des appareils de la sécurité civile est « Dragon » suivi du département d’origine de la base.
A relire
Nos posts consacrés aux accidents, notamment ceux concernant le travail en la matière de la gendarmerie de l'Air.